Voilà j'ai essayé d'illustrer la première croisade:
1095...Urbain II est pape depuis 7 ans. Depuis son accession au trône pontifical, il est sans cesse confronté aux graves problèmes des chrétiens d'Orient.
En 1071, l'empire byzantin s'effondre après la désastreuse défaite de Malazgerd (Mantkizert). Le sultan Seldjoukide Alp Arslân et ensuite son successeur, Malik Shah, profitent de la déroute byzantine pour créer un puissant royaume dans toute l'Anatolie avec Nicée comme capitale.
Jerusalem est l'objet d'une lutte acharnée entre Turcs Seldjoukides et Egyptiens Fatimides et change plusieurs fois de main entre 1070 et 1097 pour revenir aux Fatimides.
Urbain II à ClermontPendant ces luttes incessantes, les chrétiens subissent des exactions de plus en plus terribles et cruelles.
Les appels à l'aide répétés de l'empereur byzantin Alexis Comnène et des chrétiens de Jerusalem décident Urbain II à entreprendre la prédication d'une croisade.
Le 27 novembre 1095, au dixième jour du Concile de Clermont, Urbain II appelle tous les chrétiens aux armes pour défendre la Foi devant les aspirations musulmanes au cri de "Dieu le veut!".
Pour diriger cette croisade, le pape fait appel d'un côté à l'évêque du Puy, Adhémar de Monteil et de l'autre côté, aux barons français du Midi qui ont déjà participé à plusieurs batailles de la Reconquista Espagnole.
Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse est le premier à proposer ses services. Urbain II pouvait également compter sur ses alliés normands, Bohémond de Tarente et son neveu Tancrède, fils et petit-fils de Robert Guiscard, fondateur du royaume des Deux-Siciles.
L'appel à la croisade eut un retentissement plus important qu'il ne fut escompté par Urbain II. Les territoires du Nord se préparent également à la croisade. Hugues de Vermandois, le frère du Roi de France Philippe Ier, Robert de Courte-Heuse duc de Normandie, fils de Guillaume le Conquérant, Robert II, comte de Flandre, Baudouin de Boulogne et son frère Godefroy de Bouillon duc de Basse-Lorraine, prennent aussi la croix et se rallient aux barons du Sud.
Le nombre des croisés est si important, qu'il faut les diviser en plusieurs armées selon leurs régions d'origine.
Dans le même temps, l'élan provoqué par cette croisade envoye sur la route de Jerusalem une croisade populaire à laquelle restent liés les noms de Gautier Sans Avoir et Pierre l'Ermite.
Les croisés se divisèrent en 4 armées.
La première est dirigée par Godefroy de Bouillon et se rend à Constantinople en suivant la route terrestre à travers le Saint Empire et le royaume de Hongrie.
Godefroy arrive à Constantinople peu de jours avant Noël 1096.
Quelque semaines plus tard, l'armée normande de Bohémond de Tarente arrive également à Constantinople en traversant l'Epire.
Les itinéraires des trois armées des Barons
En avril 1097, c'est au tour de Raymond de Toulouse d'arriver avec son armée du Midi, suivie de quelques jours par les français d'Hugues de Vermandois, de Robert de Normandie et Robert de Flandre.
D'âpres négociations ont alors lieu entre les dirigeants de la croisade et l'empereur de Byzance qui demande aux barons de lui préter allégeance.
Un premier refus de certains des barons francs, dont celui de Godefroy de Bouillon, crée une crise politique dans l'expédition, mais un compromis est trouvé.
Certains des barons francs acceptent de rétrocéder à Byzance les villes occupées par les turcs seldjoukides d'Anatolie qu'ils libèreraient entre Nicée et Antioche. Raymond de Saint-Gilles refuse cet accord et promit seulement de respecter la vie et les biens de l'empereur. De son côté, Alexis Comnène envoye un contingent byzantin pour assister l'armée franque dans ses conquêtes d'Asie Mineure.
Les croisés, auxquels s'est adjointe une armée byzantine sous le commandemant du général Tatikios, traversent le Bosphore près de Nicomédie, dernière forteresse d'Anatolie aux mains des byzantins. Pierre l'Ermite rejoint l'armée des Barons avec les lambeaux de son expédition .
Prise de Nicée par les croisés, dans 'Histoire de la guerre sainte' de Guillaume de Tyr, XIIIe siècle. Godefroy de Bouillon, premier à se mettre en marche, traverse les monts de l'Uzun Tshaïr Dagh et arrive devant Nicée le 06 mai 1097.
Il met immédiatement le siège devant la ville et débute le combat dès le 14 mai, sans attendre l'arrivée des autres contingents francs .
Le sultan Qilij Arslân, occupé à contenir une révolte de turcs Dânishmendites en Cappadoce, envoye une armée en renfort aux assiégés .
Cette armée de renfort est interceptée par l'armée commandée par Raymond de Saint-Gilles et le légat Adhémar. Les turcs sont massacrés et mis en fuite.
L'annonce de cette défaite dans la cité provoque un sentiment de terreur chez les défenseurs.
L'arrivée de Raymond de Toulouse et celle, ensuite, de Robert de Normandie permet de faire un blocus terrestre complet autour de la ville.
Au mois de juin, l'arrivée d'une flotille byzantine sur le lac Ascanios situé au sud-ouest de la ville, achève de démoraliser les défenseurs.
Ceux-ci, craignant la cruauté des francs, négocient secrètement leur reddition avec les byzantins.
Au matin du 26 juin, alors que les francs s'apprêtent à donner l'assaut final, des étendards byzantins sont déployés sur les tours et remparts de la ville.
Certains barons francs, dont Raymond de Saint-gilles voyaient là une traitrise des byzantins, privant les francs d'une grande victoire.
Les francs quittent Nicée le 29 juin en prenant une route qui les conduit au sud-est, à travers l'ancienne Phrygie. Ils se séparèrent en deux groupes : L'un, avec Bohémond, Tancrède et Robert de Normandie, réunit toutes les forces normandes, et l'autre sous le commandement du légat Adhémar, de Godefroy de Bouillon, de Raymond de Toulouse et d'Hugues de Vermandois.
Les normands, en avant-garde, arrivent les premiers à Dorylée. Ils sont surpris par le sultan Qilij Arslân et son émir Ghâzi ibn-Dânishmend qui, ayant fait une trève, ont rassemblés tous leurs combattants pour venger la chute de Nicée.
Bohémond résiste héroïquement aux attaques turques qui utilisent une tactique d'escarmouches avec leurs archers montés.
Après quelques heures de combats meurtriers, les autres barons francs, alertés par des messagers de Bohémond, arrivent sur le champ de bataille.
Les chevaliers francs, descendant des collines et chargeant en masse les lignes turques, eurent un effet désastreux sur le moral des troupes seldjoukides.
Qilij Arslân se trouve menacé d'encerclement par la puissante chevalerie franque au complet et ordonne la fuite. Pendant plus d'une journée, les francs vont poursuivre les lambeaux de l'armée turque au travers des plaines et des défilés, pillant les campements, s'emparant de la nourriture, des chevaux, du mobilier,...
Après deux jours de repos, les croisés reprennent la route du sud-est en traversant le terrible désert de l'Anatolie centrale. La soif et la faim déciment les rangs chrétiens.
Le 15 août, les francs arrivent enfin dans les plaines fertiles autour d'Iconium, désertée par les turcs. Quelques arméniens, restés dans la ville, aident les croisés à refaire des provisions pour continuer leur route vers Héraclée.
Les turcs tentent une dernière fois et en vain de bloquer l'avancée franque devant Héraclée. Les turcs sont à nouveau mis en déroute. Après quelques jours de repos, les chrétiens reprennent la route le 14 septembre et se séparent à nouveau en deux groupes. L'un de ces groupe, dirigé par Tancrède et Baudouin, le frère de Godefroy de Bouillon, descend droit vers le sud, vers la Cilicie en passant par les Pyles Ciliciennes, entre le Taurus Cilicien et l'Anti-Taurus.
A la sortie des défilés, les francs mettent le siège devant la ville de Tarse. Après quelques jours de défense, la garnison turque est effrayée lorsqu'elle voit l'armée complète de Tancrède et de Baudouin. Elle quitte la ville à la faveur de la nuit le 21 septembre 1097.
De la même façon, Adana et Mamistra tombèrent aux mains des francs .
Tancrède et Baudouin se disputèrent l'autorité sur ces villes, chacun de ces deux seigneurs voulant crééer pour lui un royaume indépendant.
Leur discorte empêche l'occupation effectives de ces villes qui retourneront très vite sous l'autorité arménienne .
Baudouin qui s'est allié avec des chefs arméniens, quitte la région et se dirige vers l'est. En route, il libère plusieurs villes, dont Turbessel (Tell-Bâsher) et Ravendel (Râwendân).
En février 1098, le prince d'Edesse, un arménien du nom de Thoros, envoie un message à Baudouin en lui demandant de venir à son aide pour libérer la région des Seldjoukides . Baudouin répond favorablement à cet appel et attaque sur le champ (fin février 1098) la ville de Samosate. L'émir prend la fuite et laisse la ville ouverte à l'armée franco-arménienne de Baudouin .
Après cette victoire, Thoros convie Baudouin à Edesse où il est traité en héros. Baudouin arrive si bien à manipuler Thoros, que ce dernier l'adopte le fait reconnaitre comme son héritier.
Le 09 mars, une rébellion fomentée par Baudouin et des notables arméniens éclate et provoque l'assassinat de Thoros.
Baudouin est reconu aussitôt comme maître de la ville. Le Comté d'Edesse, premier état latin d'orient, vient de voir le jour.
Pendant ce temps, l'autre groupe se dirige vers le nord-est pour contourner le massif de l'Anti-Taurus et prend la direction de Césarée de Cappadoce.
Toutes les villes libérées en chemin sont remises entre les mains de chefs arméniens (Césarée, Gocuse) et aux Byzantins (Placentia, Germanicée), façon pour les barons francs de respecter l'accord conclu avec Alexis Comnène .
Arrivés à Mar'ash, la colonne franque qui a récupéré dans ses rangs les troupes de Tancrède, prend la route du sud et arrive le 20 octobre 1097 sur l'Oronte, à l'est d'Antioche. La conquête de la Syrie, un des buts de la coisade, commence alors.
Dès le lendemain, l'armée franque arrive devant la ville. Antioche est une des plus puissantes cités de l'époque, défendue par des remparts d'une longueur de 10 kilomètres et par 400 tours. Les croisés commettent l'erreur de ne pas profiter de l'effet de surprise lorsqu'ils se présentent devant la ville. Les turcs sont retranchés dans la forteresse et n'osent pas en sortir. Les croisés entament alors un long siège, qui durera plus de 7 mois, du 21 octobre au 3 juin 1098.
Le 31 décembre 1097, Bohémond et Robert de Flandre quittent l'armée avec une troupe de 20000 hommes pour aller chercher du ravitaillement dans la région au sud d'Antioche. A Al-Bâra, ils recontrent une armée turque venant de Damas qui allait renforcer la garnison d'Antioche.
La prise d'Antioche par les croisés L'armée damasquine est massacrée et mise en déroute grâce au courage et à la perspicacité de Bohémond.
Plus aucun renfort ne parviendra jusqu'à Antioche. les sultans et émirs musulmans sont trop occupés à régler militairement des questions de successions dynastiques.
Malgré les expéditions de ravitaillement, la famine sévit et décime les rangs des croisés. C'est grâce à l'intervention des chefs arméniens qui feront envoyer des vivres aux croisés, que le siège peut continuer .
Bohémond se fait remarquer comme le véritable chef de l'armée franque. Sa politique, à l'instar de celle de Baudouin, était de créér un état indépendant avec Antioche comme capitale. Il manoeuvra si bien, que Tatikios, le général byzantin censé représenter le Basileus Alexis Comnène et réclamer les prises franques en son nom, fuira le champ de bataille.
Par cette défection, les barons croisés se déclarent relevés de leur serment fait à Alexis Comnène au début de l'expédition. Toutes les villes resteront désormais sous l'autorité franque. Bohémond manoeuvre aussi avec les autres barons francs et parvient à se faire donner la ville d'Antioche lorsque celle-ci tombera.
La situation militaire des croisés n'est pas fameuse. Ils doivent construire plusieurs forteresses autour d'Antioche pour en assurer un blocus complet. Les francs sont sans cesse harcelés par les sorties des défenseurs de la ville qui commettent beaucoup de dégâts dans leurs rangs.
Heureusement pour eux, les francs commencent à recevoir des renforts via le port de Saint-Simeon (Suwaidîya), à l'embouchure de l'Oronte.
En avril, la ville est complètement encerclée,
mais elle résiste toujours aux croisés.
La nuit du 02 au 03 juin, l'attaque de la ville est décidée, grâce à la trahison d'un arménien rénégat, qui livrera la tour dont il a la garde à une compagnie franque .
Une fois dans la ville, les francs, aidés par les arméniens et les chrétiens syriaques, ouvrent les portes au gros de l'armée qui l'envahissent facilement.
Yâghî Siyân, l'émir de la ville, prend la fuite en abandonnant ses hommes dans la citadelle.
Au matin du 03 juin, l'étendard de Bohémond flotte sur les murs de la ville,
mais un nombre important de turcs résiste toujours dans la citadelle.
La chute de la ville sauve l'armée franque d'un désastre. Une importante armée turque, commandée par Kurbuqa, gouverneur de Mossoul vient d'arriver sur l'Oronte.
D'assiégeants, les francs se retrouvent assiégés dans la ville .
La Sainte Lance, portée par Adhémar du Puy, selon une enluminure du XIIIe siècle (BL MS Yates Thompson 12, f. 29) Bloqués dans la ville, affamés par un blocus impitoyable, la situation des francs devient vite tragique.
Le 14 juin, un miracle se produit. A la suite d'une vision, Pierre Barthélémy, exhume la Sainte Lance sous le dallage d'une des églises d'Antioche.
L'effet de cette Sainte Découverte ne se fait pas attendre. Le 28 juin, les croisés font une sortie. Bohémond profite de l'absence de réaction de kuburqa pour disposer méthodiquement les escadrons francs.
Kuburqa, certain de sa victoire, commet une faute irréparable. Au lieu d'utiliser la tactique favorite des turcs, le harcèlement par les archers montés, il attend la charge massive des chevaliers francs qui, malheureusement pour lui, balaie tout devant elle.
Les turcs sont poursuivis jusqu'à la nuit et sont massacrés sans pitié.
Conformément aux accords conclus avec les autres barons, et malgré les réticences de Raymond de Toulouse, Bohémond devient Prince d'Antioche, et fonde ainsi le deuxième Etat Latin d'Orient.
Les croisés, épuisés, malades, restent à Antioche jusqu'en janvier 1099. Pendant cette période, ils prennent facilement plusieurs villes syriennes qui tombent sous la coupe de Bohémond.